Aujourd'hui "Chute de vélo" sort en librairie sous une nouvelle forme. C'est une proposition des éditions Dupuis, que j'ai acceptée par curiosité. Désormais, ces deux versions seront disponibles.
Il semble bien, en effet, que, depuis quelques années, de nouveaux lecteurs viennent à la bande dessinée sans se définir comme des "lecteurs-de-BD", mais simplement comme des personnes curieuses de découvertes dans différents domaines artistiques et littéraires. Ils sont souvent arrivés (ou revenus) à la bande dessinée grâce au formidable travail des éditeurs indépendants dans les quinze dernières années. Pour eux (et pour moi), la bande dessinée se conjugue sous forme de "livre" plutôt que sous forme d'"album", terme impliquant un lien à l'enfance qui n'a pas lieu d'être.
De ce mouvement récent, est en train de naître un schisme, qui voudrait que les grands formats cartonnés soient dévolus aux récits plus traditionnels, d'évasion, d'humour ou de genre, et que ce format "indé", ou "international", ou "roman graphique" (!) désigne des livres plus adultes, plus consistants, moins superficiels.
Bref, il y aurait des "livres de bande dessinée" et des "albums de BD", voire des "bédés", qualificatif infamant que je réserve personnellement au pire de la production, celle qui transforme la bande dessinée en cadeau à deux balles (plutôt que d'arriver à un dîner avec des fleurs ou du vin, on se pointe avec une bédé compilant des gags sur la profession de notre hôte. Des éditeurs se sont spécialisés dans ce créneau bas de plafond. Gros succès commercial, pas cher, "marrant", et l'objet finira légitimement près des chiottes).
Bien entendu, cette vision binaire est un peu simpliste. Si le talent se réduisait à une question de format, ça se saurait. J'ai lu pas mal de romans graphiques pénibles.
Et le succès de la collection Aire Libre (entre autres) est la preuve que des récits adultes existent depuis toujours en grand format-carton-couleurs.
Cet essai éditorial a pour mission de lancer un pont vers ces nouveaux lecteurs qui l'ignorent.
On verra bien ce que ça donne.
"Et cette chère Lulu?", me demandez-vous.
Vous aurez compris que cette semaine n'a pas été très productive, occupé que j'étais à ramasser des doigts tranchés, et par diverses autres activités, parce qu'il n'y a pas que la bande dessinée dans la vie.
J'y reviens.
Enfin, aux plus angevins d'entre vous, je signale que je participerai demain samedi à une rencontre publique à 17h à L'Étincelle.