lundi 30 novembre 2009

Vent debout

Si j'assimilais les mois que j'ai consacrés à "Lulu femme nue" à une traversée de l'Atlantique, j'en serais au stade où, apercevant les côtes, je serais partagé entre la joie d'en avoir bientôt terminé et le regret d'achever un voyage hasardeux et agréable.
J'ai lu quelque part qu'à ce moment, certains navigateurs envisageaient de faire demi-tour vers le large.
C'est un sentiment auquel je peux accéder. Mais, pour ma part, si je préfère toucher terre, c'est pour repartir aussitôt, à la barre d'un autre bateau.


Planche 71.
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vendredi 27 novembre 2009

70



70 planches terminées.
Restent six à dessiner... et quelques cases à refaire par ci par là.
Ma mission est de régler tout ça avant la fin de l'année.

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jeudi 26 novembre 2009

Le génie Français

Soyons fiers, amis lecteurs, d'appartenir à cette belle nation, phare de l'humanité, formant les plus beaux esprits, qui nous abreuvent des résultats chaque jour plus éblouissants de leur créativité.
Ainsi, à certains d'entre eux, il a été demandé de plancher sans faillir sur un sujet difficile. Qui saura dire combien d'heures de réflexion et de travail, combien de questions et d'essais ont été nécessaires à la réalisation de tous ces projets? Tous différents, mais tous efficaces. J'imagine ces pères de famille rentrant le soir chez eux, fourbus mais fiers du devoir accompli. Ils embrassent leurs enfants déjà endormis dans leur chambre tiède et s'installent sur leur canapé moelleux.
Concepteurs, fabricants, installateurs. Ô la belle chaîne de travailleurs efficaces.

De quoi je parle?

De ÇA (cliquez sur les photos, c'est magnifique).


(ah oui, planche 70, encrée)

mercredi 25 novembre 2009

Chère Madame

C'est une dame d'un certain âge. Elle était assise, bien droite et très coquette, parmi la cinquantaine de personnes venues discuter autour de la bande dessinée. Les débats avaient été chaleureux. Ils avaient duré deux heures et s'étaient prolongés pendant la courte séance de signatures qui avait suivi.
Après avoir écouté la discussion sans intervenir, elle avait attendu que la médiathèque se vide de ses derniers visiteurs pour approcher de la table. Elle avait saisi un exemplaire de "Un homme est mort". Elle l'a soupesé. J'étais sur le point de remercier les bibliothécaires pour leur accueil et de prendre congé. Elle a simplement dit "Je ne connais rien à la bande dessinée, je n'en ai jamais lu."
En enfilant ma veste, j'ai tenté de la rassurer. Je lui ai expliqué qu'il n'était pas nécessaire de "s'y connaître" pour apprécier un livre. Dubitative, elle a bien voulu opiner, en souriant. Puis elle a ajouté, en manipulant son exemplaire, qu'elle trouvait ça "lourd" et "encombrant". Elle l'a ensuite feuilleté en constatant qu'elle était "happée par les images" et que cette aspiration l'empêcherait sans doute de lire. Je l'observais et je lui ai répondu que, de mon point de vue, c'était plutôt un début encourageant. On a parlé du rapport du texte et des images, dans une page de bande dessinée. Elle était toujours sur la défensive, mais elle n'a pas reposé le livre. Je lui ai conseillé de se laisser aller, d'entrer dans la lecture sans se poser trop de questions. Elle m'a dit qu'elle allait essayer. Nous nous sommes salués, et elle partie dans la nuit, serrant sous son bras cet étrange objet qui, d'une certaine façon, lui lançait un défi.


Chère Madame,
Je ne sais pas si vous avez affronté votre livre. Je vous ai imaginée dans votre salon silencieux, sous un halo de lumière, découvrant les aventures de René Vautier et de ses camarades dans la ville de Brest en chantier il y a 60 ans. Votre lecture vous a t-elle définitivement éloignée de la bande dessinée, ou, au contraire, vous a t-elle donné envie d'en connaître un peu plus?
Je me suis posé la question.
Quoi qu'il en soit, je vous remercie pour votre confiance.


Planche 70 crayonnée.

mardi 24 novembre 2009

Causons



Planche 69 mise en couleurs.

Mayennais, mayennaises, je serai ce soir à la médiathèque de Gorron pour causer bande dessinée (par exemple).
Je vous y attends.

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lundi 23 novembre 2009

Pour info...

Vous avez été plusieurs à me demander si je serai présent au festival d'Angers début décembre.
La réponse est non.
Mais, à l'occasion de ces festivités, j'ai réalisé cette étiquette que vous pourrez trouver en vente sur place (tant qu'à faire, les plus dégourdis d'entre vous vérifieront qu'une bouteille est bien collée au verso de l'étiquette, et que ladite bouteille est effectivement remplie d'un joli liquide blond qui mousse).

Pauvre bête



Planche 69 crayonnée et encrée, malgré les feulements du chat qui défie la tempête derrière la vitre de l'atelier. Les bourrasques n'en ont rien à foutre, ce qui ne fait qu'exaspérer la colère du mini félin.
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vendredi 20 novembre 2009

Anecdotes

Planche 68 mise en couleurs:

Le reste de la journée a été consacré au story-board du tome III de Geronimo. Le hasard a voulu que les deux derniers volumes de ce triptyque et le second livre de Lulu paraissent au printemps 2010. Leurs conclusions respectives doivent donc s'écrire ces semaines-ci. Étrange cohabitation finale de deux projets au long cours qui s'achèvent, produisant dans mon atelier un écho imprévu, d'où la nostalgie ne sera pas absente.

Mais y'a encore pas mal de boulot, hein.

Je pestais hier contre l'importance qu'on accorde aux gesticulations piteuses des crétins en shorts qui consacrent leur existence à pousser la baballe aux filets, et à celles, non moins grotesques, de leurs admirateurs et commentateurs. C'est le règne de l'anecdote, qu'on érige en monument.

Voici une autre information, toute aussi anecdotique que la première en apparence. Mais cette fois, le gars Morel veillait, et a su en extraire la moelle.


jeudi 19 novembre 2009

La baballe

Après une semaine d'absence, me suis-je dit ce matin, travailler en écoutant la radio sera une agréable façon de me recoller tranquillement à l'actualité du monde.

Mais le monde, ses palpitations, ses bruits et ses fureurs n'existent plus, tout occultés qu'ils sont par un drame national: un milliardaire en short a mis la baballe au filet avec la main. Affaire d'état. Soucieux de ne pas se couper du bon peuple, même le personnel politique se sent tenu de donner son avis sur la question.
Mais bon, ils (je ne dis pas "Nous", ni "la France", hein...) vont participer à la Coupe du Monde de la Baballe au fond des Filets. Et c'est l'essentiel.

J'avoue être aussi personnellement accablé par cette faute de main. En effet, si j'ai bien tout compris, c'est à elle que nous allons devoir un surplus d'omniprésence footballistique sur les ondes dans quelques mois.
Ce que l'espèce humaine a de plus imbécile, elle l'exprime dans les stades.

Planche 68, crayonnée et encrée dans l'affliction.

mardi 17 novembre 2009

Retour de balade

Ce qui est bien quand on n'est pas en retard dans un travail, c'est qu'on peut prendre son temps.

Ce qui est dommage quand on prend son temps dans un travail, c'est qu'on finit par être en retard.

Telles sont les affres de la difficile condition d'auteur de bande dessinée.

Tout ça pour vous dire que malgré la réputation des mygales, l'appétit des moustiques, la rapidité des jaguars et l'immensité de la forêt amazonienne aux fleuves inextricables, je suis de retour de Guyane, d'où je ramène des carnets de croquis tout gondolés par l'humidité. Et il va bien falloir, désormais, que je rattrape ces quelques jours de balade.



C'était seulement la deuxième édition du Festival de Cayenne, et l'intérêt que les lecteurs semblent avoir porté à cette manifestation lui assure un bel avenir.
Un grand merci aux filles de l'Alliance Française de Cayenne pour leur accueil et leur science de la caïpirinha.

Je range mes tongues et me remets au boulot.

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samedi 7 novembre 2009

Maître Guillaume (est bien taquin)

Je me flatte de compter au nombre de mes amis le "Prince de la Bande Dessinée Underground", le "Meilleur Dessinateur du Monde", le "Suzerain de Chizé", bref, Monsieur Guillaume Bouzard, oui oui, LE Guillaume Bouzard, papa de l'inénarrable Plageman, et de "The Autobiography of a Mitroll" dont le second volume sort ces jours-ci.
Le hasard nous mit deux fois en compétition à Angoulême, et il faut bien avouer que dans ce match sanglant, le Maine & Loire mène 2 à 0 sur les Deux-Sèvres (qui, visiblement, n'ont pas dit leur dernier mot).
Nous participions hier à une petite sauterie avec quelques confrères et amis.
Sourire en coin, et œil narquois, Maître Guillaume en profita pour m'offrir un exemplaire tout neuf de son dernier ouvrage, dont il ne put s'empêcher de me signaler une page ...


... et, même, une case en particulier.


L'humour Bouzardien est un beau et grand mystère.
Et figurer ainsi dans les pages du Maître, une sorte de Légion d'Honneur, qui me fait rosir comme une jeune fille.

Pour me remettre de mes émotions, je m'envole pour le Festival de Cayenne. Blog en sommeil jusqu'au mardi 17.
Profitez-en pour lire "The autobiography of a Mitroll".

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vendredi 6 novembre 2009

Boire la tasse


Un âpre combat, qui m'aura pris deux fois plus de temps que pour une autre planche.
Au final, une ambiance mal barrée.
On laisse reposer une heure, pour se nettoyer les yeux.
Puis, en rééquilibrant les lumières, les contrastes et les noirs, on tente de sauver de la noyade cette page qui boit la tasse.
Au final, elle revient de loin, mais elle est de retour.
Posons-la à l'écart. Laissons-lui quelques jours pour reprendre son souffle.
Il sera alors temps de décider s'il faut la refaire ou si, définitivement, cette planche 67 peut être considérée comme mise en couleurs.

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jeudi 5 novembre 2009

Sans sucre


(Planche 67, encrée).

P.S.: Vous chercher un endroit pour faire la fête et boire un verre vendredi soir avec quelques bons compagnons? N'hésitez plus, c'est .

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mercredi 4 novembre 2009

Les risques du métier

Pendant que, dans ma campagne, je mets en couleurs la planche 66...

...et que je crayonne la 67,...

...à Paris, dans l'antre Futuropoliste, Didier Gonord, directeur artistique, fignole la couverture dont les versions successives arrivent sur l'écran de mon ordinateur.

Après une journée passée un œil sur ma table à dessin, l'autre sur l'écran de mon ordinateur, me voilà ce soir affligé d'un très prévisible strabisme divergent.

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mardi 3 novembre 2009

Ernestine

Je n'ai pas l'habitude de balancer sur le net des courriers privés sans l'assentiment de leur auteur, mais puisqu'il semble bien que celui-ci ait également été écrit à son insu, je me permets.
Je veux dire par là que l'auteur prétendu de ce courrier n'est probablement pas son auteur véritable, puis qu'il se dit que la véritable Ernestine Chassebœuf aurait "disparu" (vous noterez la subtilité) en 2005.

Qui est Ernestine Chassebœuf?
- Apparemment une vieille dame née -c'est un hasard- dans le même village que moi en 1910.
- L'auteur de lettres assez amusantes aux Pététés, à FR3, à Alain Decaux ou à Lucien Jeunesse de France Inter, à qui elle remontait vertement les bretelles pour des raisons aussi ubuesques qu'hilarantes.
- L'auteur -prétendue- de recueils de ces lettres, qui connurent leur petit succès.
- et finalement, une sorte de légende, de mythe: qui a écrit réellement toutes les lettres d'Ernestine? Elle-même? Un facétieux et discret écrivain? (des journalistes m'ont même soupçonné à cause de notre lieu de naissance commun, mais, sur la tête de mon chat, je jure que je n'y suis pour rien), Plusieurs?

Bref, Ernestine et ses lettres font couler beaucoup d'encre.

Et voilà qu'elle se manifeste à nouveau, cette fois dans ma boite aux lettres, au nom d'une hypothétique nièce:


(cliquez pour agrandir)

Figurez-vous que la dame a son site et même sa page Wikipedia.

Ernestine Chassebœuf, c'est l'un des derniers grands mystères littéraires du siècle. Il conviendra donc de ne pas l'éventer.

Ô Ernestine, où que tu sois, j'espère que tu ne me tiendras pas rigueur de cette publication.

(aujourd'hui, planche 66 crayonnée et encrée)

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lundi 2 novembre 2009

Les boulons

"Story-board entièrement terminé aujourd'hui. Ne reste plus qu'à le dessiner."

Si je nourrissais encore quelques illusions sur la rationalité de ma méthode de travail, c'est ainsi que je résumerais le labeur du jour.

En effet, après une mise à plat des ultimes séquences, et une scrupuleuse vérification des boulons avec le mécano Gendrot, j'ai découpé en quelques heures l'intégralité de la scène finale de Lulu II.
Tout est là, sur le papier, jusqu'au mot Fin (que je n'écrirai pas, estimant mes lecteurs capables de comprendre, en attaquant le carton, que l'histoire est terminée).
Je m'apprête désormais à m'engager graphiquement dans cette grosse dizaine de pages, crayon au clair, en feignant de ne pas voir tous les pièges sournois qui m'y attendent au détour de quelques cases encore incertaines.



Avec le mécano Gendrot, nous avons d'ailleurs chanté les vertus de ces boulons mal fixés qui permettent un jeu parfois salvateur aux structures trop tôt figées (c'est une des différences entre l'écriture et, par exemple, la construction aéronautique où le principe du boulon mal fixé est très mal considéré).
Quoi qu'il en soit, le chemin jusqu'à la dernière case de la dernière page existe, je l'ai aperçu ce matin. Espérons que je puisse l'emprunter jusqu'au bout.

Quant à la pagination, dans un admirable effet de symétrie qui remplit d'aise l'amateur d'ordre et de rigueur que je suis quand même parfois, elle sera identique à celle du premier volume.

dimanche 1 novembre 2009

Extraits

Quelques cases extraites de Lulu II, vous pourrez en trouver dans le numéro 20 de la revue
"On a marché sur la bulle".