jeudi 30 avril 2009

La violence du monde

Difficile de travailler cet après midi. Un drame couve.
Dans les érables qui poussent devant mon atelier, le chat a repéré l'installation d'un nid de merles.
Je ne donne pas cher de leur peau.

Ci-dessous, derrière la vitre, le (futur) criminel, pris en flagrant délit d'embuscade.

mercredi 29 avril 2009

Contraintes

Planche 40, mise en couleurs.


Comment montrer, dans la longueur, le sentiment d'ennui qui gagne un personnage, et les hésitations qu'il éprouve, sans pour autant en affecter le lecteur?
Telles étaient les contraintes que j'ai affrontées sur ces dernières pages.

Je ne me suis pas ennuyé.
Mais j'ai un peu hésité.

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mardi 28 avril 2009

Et Geronimo?

Planche 40, crayonnée et encrée.



Certains d'entre vous demandent des nouvelles de Geronimo. En voilà:
Joub et moi avons bouclé le scénario des trois tomes.
Le second est entièrement dessiné, mais nous le gardons sous le coude.
Le troisième est désormais bien entamé, et devrait être dessiné assez rapidement.
Nous envisageons, avec les éditions Dupuis, de sortir simultanément les trois volumes dès que l'ensemble sera achevé. Dans cette hypothèse, étant donné le délai d'attente, le premier tome bénéficiera d'une seconde mise en place, aux côtés de ses deux frangins.


(extrait de la planche 11 de Geronimo III)

lundi 27 avril 2009

Invitation

Planche 39 mise en couleurs.


Choletaises, choletais, mercredi, je serai chez vous pour discuter du monde ouvrier.
J'ai accepté cette invitation en précisant bien que je n'étais ni historien ni spécialiste du "monde ouvrier". Je ne pourrai donc parler, sans dire trop de bêtises, que de mon livre " Les mauvaises gens".

Et encore. Je suis parfaitement capable de dire des bêtises sur ce bouquin.

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vendredi 24 avril 2009

Demi-livre

Planche 39, encrée.


Considérons désormais que la moitié de ce livre est dessinée.
Verre à moitié plein, verre à moitié vide, prenez ça comme vous voulez.

À ce propos, concernant la publication de "Lulu femme nue" second livre, Futuropolis et moi-même visons les premiers mois de 2010.
Je me refuse à être plus précis pour l'instant.

Ha bah ouais.

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jeudi 23 avril 2009

Capillarité

Ce matin, mise en couleurs de la planche 38. Besogne laborieuse et interminable, effectuée sans plaisir. Cette page ne pourra pas quitter mon atelier sans être largement remaniée.
Le sentiment d'échec ponctuel que j'éprouve en travaillant se propage à l'ensemble du livre. Et je finis la planche avec la certitude que ce second volume ne sera pas à la hauteur de ce que j'en attendais alors que déjà, j'entends au loin le pilon se mettre en marche.

Cet après-midi, crayonné de la planche 39. La mine file sur le papier. Les cases s'enchaînent. Des idées nouvelles se proposent et s'insèrent comme par magie dans la trame narrative. Quelques difficultés sont franchies avec juste ce qu'il faut d'effort pour que le combat soit plaisant. Les dialogues, dont je n'avais qu'une très vague idée se posent précisément sur les cases, comme s'ils m'attendaient quelque part depuis longtemps. Je termine ce crayonné en fredonnant, certain que ce livre, ha ha, sera une pierre blanche dans l'histoire mondiale de la bande dessinée.


Depuis toujours j'affronte les montagnes russes de cette capillarité imbécile: Le sentiment que j'éprouve en réalisant les détails d'une planche contamine ma perception globale du livre en cours.
Et donc, comme à chaque fois, quand, à moitié étourdi, j'aurai signé la dernière case de la dernière page, je serai absolument incapable de répondre quoi que ce soit de sensé à celui qui me demandera si je suis content de mon travail terminé.

Et il ne me croira pas.

mercredi 22 avril 2009

Au téléphone

Planche 38, crayonnée et encrée.



Que fait le dessin d'un auteur de bande dessinée quand ce dernier est obligé de s'interrompre pour répondre au téléphone? Il quitte la planche en cours, et, peut-être pour garder le rythme de cette journée de travail, ou simplement pour s'ébattre en liberté, il part en balade, seul, sur la première feuille qui passe. C'est récré.
Occupé par sa conversation, le gars le laisse filer. Il n'ira pas bien loin.

Le dessin en profite alors pour prendre des chemins de traverse. Et ce n'est généralement qu'après avoir raccroché le combiné que son patron découvre le résultat, parfois bien loin de ce qu'il voit venir sur ses planches.



J'aime autant le dessin que la bande dessinée. Mais la seconde laisse bien peu de place au premier.

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mardi 21 avril 2009

Documentation

La planche 37 est encrée et mise en couleurs.



Si vous avez lu le premier volume de "Geronimo" que je réalise avec Joub, vous savez que l'un des personnages de cette histoire collectionne des cadavres d'animaux séchés. De mon point de vue, ça n'est pas une manie plus idiote que de d'accumuler des timbres dans des classeurs, et c'est plus rigolo.
Ce personnage est d'ailleurs inspiré d'un ami commun chez qui nous sommes allés, ce week-end, chercher un peu de documentation. Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer quelques échantillons, malheureusement sans pouvoir vous en communiquer l'odeur (la bête avec un pull n'est pas empaillée, c'est Joub).




Ceci est un chiot acheté en Chine. Très pratique à transporter. J'imagine que ça se fait cuire recto-verso, comme une crêpe.


On ne rigole pas avec la documentation, nous.

lundi 20 avril 2009

Reprise

La planche 37 est crayonnée.


Ce blog a des effets culpabilisants que je ne soupçonnais pas. Je suis obligé de constater qu'aucun extrait du livre en cours n'y avait été posté depuis le 30 mars.
Probablement avons-nous été victimes d'une faille dans le continuum spatio-temporel. Je ne vois pas d'autre explication à ce délai absolument scandaleux.

Je reviens de l'expo Tati que propose la Cinémathèque Française (cette visite ne m'a pris qu'une journée, ne lui mettez pas ça sur le dos).
Curieuse impression contradictoire. Cette balade dans l'univers du grand homme laisse un goût d'inachevé, de survol et en même temps, elle donne furieusement envie de replonger dans ses films.
C'est peut-être là l'essentiel et l'on se prend à envier le quidam qui n'aurait jamais vu une image de Tati, et qui découvrirait son univers à cette occasion. Quelle chance il a.

Enfin, pour me rassurer, des lecteurs de Villa Amalia (voir le post du 31 mars) m'écrivent que ce roman est très éloigné de mon diptyque en cours, et en est peut-être même une sorte de contraire. Je vous remercie. Mais je ne suis pas inquiet. Je sais bien que, depuis que le monde est monde, toutes les histoires ont été racontées mille fois.
Je suis juste intrigué. Et impatient.

"T'as qu'à bosser plus vite, ça durera moins longtemps" va t-on me répondre.
OK.
J'y retourne.

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vendredi 17 avril 2009

Comme une pause

Certaines semaines, j'aimerais n'être dans ma vie QUE auteur de bande dessinée.
Et là, les pages tomberaient sans relâche.

Mais autour de mon atelier, il y a des sommets à gravir, des fêtes à organiser, des vins à goûter, des amis à visiter, des films à voir, des rosiers à tailler.

Heureusement.

mardi 14 avril 2009

Recyclage

Ça n'aura pas été sans mal, mais c'est fait. Au story-board, en tous cas, les quarantièmes hésitants ont été franchis. Je vais enfin pouvoir me remettre à dessiner.
Il est étrange, d'ailleurs, ce story-board, avec ses grands trous blancs. J'aime bien l'idée que certains passages ne peuvent absolument pas être écrits à l'avance. Ils sont encore vierges, mais je sais que mes personnages ont désormais suffisamment d'autonomie pour les traverser sans moi.
Ou presque.
N'exagérons rien.


Autre chose: Je viens de retrouver, en fouillant dans de vieux cartons, un scénario que je n'avais jamais eu l'occasion de dessiner, faute d'éditeur.
Comme je n'aime pas travailler pour rien, j'ai convaincu un producteur de cinéma de le faire tourner par un jeune réalisateur. Je ne connais pas grand chose au cinéma, qui ne m'intéresse d'ailleurs pas plus que ça. Mais je suppose que la caméra ou le crayon ne sont finalement que des outils différents pour raconter une histoire. Et puis, un sou est un sou. J'ai le plaisir de vous annoncer que le contrat est signé et que le tournage commence dans trois mois.
Hop-là.

Bien sûr, tout ceci est faux. Mais, curieusement, l'inverse arrive de plus en plus souvent.
La bande dessinée devient ces temps-ci une usine de recyclage de déchets, où des cinéastes viennent caser, faute de mieux, des projets de films avortés.
J'ai eu l'occasion de lire un livre issu de cette usine, affublé d'un scénario de Jean-Jacques Beinex. Et j'y ai trouvé la preuve incontestable que l'écriture pour le cinéma et celle pour la bande dessinée réclament des aptitudes très différentes.
Et que Monsieur Beinex, visiblement, l'ignorait.

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dimanche 12 avril 2009

Pierre



Pierre Cauzien est mort hier.

Ceux d'entre vous qui ont lu "Un homme est mort" savent qu'il était aux côtés d'Édouard Mazé à Brest le 17 avril 1950 quand les forces de l'ordre ont tiré.

Blessé à une jambe, il avait dû être amputé.

Je veux dire ici que j'ai croisé peu d'hommes debout et intacts comme celui-là.

Salut, Pierre.

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vendredi 3 avril 2009

Attendre

C'est une nouvelle journée assez stérile qui clôt cette semaine finalement peu productive.


Mais les choses se mettent en place d'elles-même, malgré moi.
Ouais. C'est sûr. Je le sens. Il suffit d'attendre.



Arrêtez de ricaner. C'est énervant.

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jeudi 2 avril 2009

Une sorte de carrefour

Le story -board qui devrait nous guider au-delà de la page 40 n'est pas dessiné.
Pas encore.
Ça va venir.
Je voudrais vous y voir.
On n'est pas aux pièces, non plus.
Je sais exactement vers où je dois emmener Lulu là-bas, aux abords de la cinquantaine. Je vois au loin la scène qui nous y attend. C'est un point d'encrage de ce scénario. Et je sais qu'il va introduire mon récit vers les prémices de sa conclusion.
Est-ce cette perspective qui me fait hésiter? Possible.
Ce serait idiot. J'ai à peine atteint la moitié de ce second volume. Et pourtant, me voilà comme ces enfants inquiets fin juillet de savoir que les vacances d'été sont désormais sur la pente descendante.

Je ne peux même pas invoquer le manque d'inspiration.
D'abord, l'inspiration est un concept fumeux auquel je n'accorde qu'un crédit très limité.
Et puis, en réalité, c'est l'inverse: Non seulement je ne suis pas en panne, mais, en plus, s'ouvrent devant moi plusieurs chemins pour atteindre cette scène, et -situation inédite-je ne sais lequel choisir.

Alors je tourne en rond. Repassez plus tard.

Ha bah tiens, si, quand même une note positive: Aujourd'hui j'ai lu un beau livre, que je vous conseille:

Cette histoire ne se raconte pas (et c'est une qualité). Rarement la bande dessinée aura abordé des sujets aussi graves avec une telle subtilité. C'est noir, déstabilisant, ironique, et drôle.
C'est un livre de Kerascoët et de Fabien Vehlmann. Bravo à vous.

mercredi 1 avril 2009

Présence médiatique

Aujourd'hui, sur ma table de travail, Lulu a dû céder sa place à Geronimo, tome 3, dont j'ai découpé une scène, pour Joub.




Dans la profusion éditoriale qui fait rage ces temps-ci, comment assurer la visibilité médiatique d'un livre?
Un petit malin a trouvé la solution.
Il a commis un ouvrage que je n'ai pas lu, et que je ne lirai sans doute pas.
Sans être impoli, je me hasarderai simplement à supposer qu'il ne s'agit pas d'un ouvrage majeur de la littérature française contemporaine. Son auteur n'a rien d'ailleurs écrit auparavant qui soit incontournable. Et lui-même, doté d'une modestie toute neuve, en conviendrait sans doute humblement.
Certes, l'individu est fréquemment présenté comme un homme plus intelligent que la moyenne, ce qui, si je puis me permettre, est très possible mais ne change rien à l'affaire.
Son petit livre bénéficie pourtant d'un présence médiatique sans égale. Impossible ces jours-ci d'allumer une radio sans entendre sa belle voix grave, ou de ne pas croiser sa calvitie célèbre en ouvrant un journal.

S'est-il octroyé les services d'une attachée de presse bourrée d'amphétamines? A t-il hypnotisé la moitié des titulaires de la carte de presse de ce beau pays?
Pourrions-nous, nous aussi bénéficier de la même attention complaisante pour nos petits bouquins?

Bien sûr. C'est très simple, amis auteurs. Voici la méthode:

Arrangez-vous d'abord pour devenir Premier Ministre. Affichez dans le cadre de cette fonction la froideur et la raideur d'un aristocrate que les récriminations du peuple excèdent. Faites un détour (rapide) par les tribunaux. Enchaînez par quelques mois à l'étranger pour vous faire oublier. Revenez en France, faites-vous élire aux commandes d'une ville cossue de province. Abandonnez les austères costumes gris que vous affectionniez jadis, au profit de confortables pull-overs qui feront très bien sur la photo, surtout si vous remplacez votre limousine noire par un élégant vélo hollandais.
Découvrez tardivement mais rapidement les méfaits de l'ultra-libéralisme (dont vous étiez pourtant un apôtre fervent) et les bienfaits (électoraux) d'une écologie molle.
Battez votre coulpe. Et faites de tout ça un livre un peu sentimental où vous laisserez apparaître délicatement (et avec pudeur) le gentil petit oiseau qui sommeille sous le cuir tanné du tueur politique. Affublez l'objet d'un titre qui résumera pesamment le propos. Par exemple "Je ne mangerai plus de cerises en hiver".
Et hop, à vous tous les plateaux télés.
Quelques journalistes, les moins engourdis par cette métamorphose, suggéreront peut-être que le but de toute cette manœuvre, n'est-ce pas, Alain Juppé, n'est que de préparer le remplacement du vulgaire petit voyou qui a pris votre siège à l'Élysée.

Il vous suffira de nier avec le sourire.

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