samedi 2 janvier 2010

Pousse-toi un peu, Albert.

Je vous en avais déjà touché un mot.
Affichant en couverture l'auguste visage d'Albert Camus, la livraison 592 de l'estimable Nouvelle Revue Française consacre un dossier à la bande dessinée. On m'a confié la charge (et l'honneur) d'y parler du dernier livre de Joe sacco, "Gaza 1956, en marge de l'histoire", publié ces jours-ci par Futuropolis. Je ne vais pas vous en faire la critique ici, puisque j'en ai fait dix pages pour la NRF. Z'avez qu'à lire.

Sachez simplement qu'il s'agit d'un hallucinant travail de 400 pages qui fera date. Un livre à offrir à ceux qui ricanent encore quand on leur parle des possibilités narratives de la bande dessinée en tant que témoignage.

Je vous parle de ces mecs-là parce que j'ai profité de ces quelques jours de relâche pour aller lire ce qui se dit de récent sur les sites et forums spécialisés.
On y croise -et, à ma connaissance, c'est assez nouveau- quelques internautes, souvent anonymes d'ailleurs, qui semblent regretter le temps béni d'avant, celui où la "bédé" était un simple divertissement qui ne se mêlait pas de la marche du monde. Ces braves gens déplorent que les auteurs de maintenant dessinent trop vite, ne s'appliquent pas, ou -plus grave-prétendent faire de la bande dessinée documentaire ou de reportage. Quelle horreur.
Rappelons-leur que la bande dessinée qu'ils conchient ne représente qu'une proportion infinitésimale de la production annuelle, et que l'écrasante majorité de ce qui arrive sur les tables des librairies reste de forme et de propos traditionnels (c'est un mot qui doit leur donner des frissons de plaisir).
Je précise que, de mon point de vue, je n'ai rien contre l'une ou l'autre de ces façons de faire de la bande dessinée. Sacco et Peyo, Neaud et Tillieux sont de grands auteurs.
D'une façon ou d'une autre, ils contribuent tous à faire de la bande dessinée ce qu'elle est, et ce qu'elle devient.

Alors pleurez pas. Et lisez la NRF.

Il ne manquerait plus que Tardi entre à l'Académie Française, tiens.

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