Ça n'aura pas été sans mal, mais c'est fait. Au story-board, en tous cas, les quarantièmes hésitants ont été franchis. Je vais enfin pouvoir me remettre à dessiner.
Il est étrange, d'ailleurs, ce story-board, avec ses grands trous blancs. J'aime bien l'idée que certains passages ne peuvent absolument pas être écrits à l'avance. Ils sont encore vierges, mais je sais que mes personnages ont désormais suffisamment d'autonomie pour les traverser sans moi.
Ou presque.
N'exagérons rien.
Autre chose: Je viens de retrouver, en fouillant dans de vieux cartons, un scénario que je n'avais jamais eu l'occasion de dessiner, faute d'éditeur.
Comme je n'aime pas travailler pour rien, j'ai convaincu un producteur de cinéma de le faire tourner par un jeune réalisateur. Je ne connais pas grand chose au cinéma, qui ne m'intéresse d'ailleurs pas plus que ça. Mais je suppose que la caméra ou le crayon ne sont finalement que des outils différents pour raconter une histoire. Et puis, un sou est un sou. J'ai le plaisir de vous annoncer que le contrat est signé et que le tournage commence dans trois mois.
Hop-là.
Bien sûr, tout ceci est faux. Mais, curieusement, l'inverse arrive de plus en plus souvent.
La bande dessinée devient ces temps-ci une usine de recyclage de déchets, où des cinéastes viennent caser, faute de mieux, des projets de films avortés.
J'ai eu l'occasion de lire un livre issu de cette usine, affublé d'un scénario de Jean-Jacques Beinex. Et j'y ai trouvé la preuve incontestable que l'écriture pour le cinéma et celle pour la bande dessinée réclament des aptitudes très différentes.
Et que Monsieur Beinex, visiblement, l'ignorait.
.