Quelques réponses à vos questions:
D'où vient l'idée originelle qui m'a poussé à écrire "Lulu femme nue"?
J'ai commencé par m'intéresser aux cas de "disparitions volontaires" comme il s'en produit des milliers chaque année. Monsieur (ou Madame, plus rarement semble t-il) descend acheter des cigarettes et ne revient jamais. La gendarmerie, prévenue, le (la) retrouve parfois mais ne peut donner des nouvelles à la famille éplorée que si il (elle) le souhaite.
Au final, après les différentes réécritures du scénario, ma Lulu n'est plus vraiment dans ce cas, puisque, dès le début de son escapade, elle prévient ses amis qu'elle compte bien revenir.
D'autres éléments, plus fugaces, que j'avais presque oubliés, sont aussi à l'origine de ce scénario.
Ainsi, l'un des plus anciens (peut-être le premier), et des plus furtifs est illustré par la très mauvaise image ci-dessous...
... qui est une capture d'écran (m'emmerdez pas avec la technique) d'un plan de "Parle avec elle" de Pedro Almodovar. C'est une scène nocturne. Des gens assis écoutent Caetano Veloso chanter "Cucurucucu Paloma",dans un travelling panoramique très lent, doux comme la musique de cette chanson triste. Pourquoi ce plan, assez banal, m'a t-il donné l'idée du dispositif narratif de mon livre? Pourquoi m'a t-il donné l'envie de ce mec assis dans la nuit qu'écoutent attentivement ses amis? Je n'en sais rien et pour tout dire, je m'en fous.
Mais le fait est là: Il y a longtemps, au cœur de ce film, ces quelques secondes de cinéma ont enclenché quelque chose en moi qui a participé à la fondation de "Lulu femme nue".
Et ce n'est que récemment, en revisionnant un autre Almodovar, que je me suis souvenu de cet ébranlement initial que j'avais presque oublié.
"Pourquoi ce titre?", me demande t-on par ailleurs.
Pourquoi pas, réponds-je. La nudité dont j'affuble Lulu est à prendre au sens symbolique. Elle consiste à se débarrasser des couches d'habitudes et de poussière que la vie quotidienne a accumulé.
Au moment de l'écriture du scénario, j'ai joué avec cette allitération un peu idiote, puis je l'ai gardée.
Au bout de quelques mois, alors que le premier volume était bien avancé, lors d'une de mes visites chez Futuropolis, j'ai évoqué l'idée de changer de titre. Et on a immédiatement opposé un farouche tir de barrage à cette malheureuse suggestion (on= Claude Gendrot & Evelyne Colas, perfidement secondés par toute l'équipe). Dans le doute, j'ai soumis deux-trois autres idées à quelques amis, et l'un d'eux, David Prudhomme, qui n'aimait pourtant pas celui-là a considéré les autres puis m'a déclaré "Oui, mais il faut avouer que "Lulu femme nue" c'est un titre qui reste dans la tête" .
Alors j'ai capitulé.
Pour terminer, suite à l'un de mes messages précédents, je remercie ceux d'entre vous qui me conseille de nouveaux pinceaux de grande marque. Mais, moi-même quadragénaire en cours de déforestation, je me sens tenu à une sorte de fidélité vis-à-vis de mes pauvres pinceaux qui perdent eux aussi leurs poils. En les foutant rageusement à la poubelle, je tente de conjurer la calvitie qui gagne.