J'ai consacré ma matinée à une interview, pour une revue.
Ça n'est pas toujours le cas, mais cette fois le journaliste avait bien préparé ses questions. Il s'était très peu perdu en ralliant ma pampa (une fois, j'en ai récupéré un tout amaigri dans un chemin creux). J'avais fait du thé. Le chat était en embuscade dans l'escalier, au cas où. Bref, un moment plutôt agréable.
Puis il me dit que Lulu lui fait penser à Lucie, personnage d'Anticyclone, livre que j'ai commis chez Delcourt il y a dix ans.
Sobrement, je lui fais remarquer que le personnage principal d'Anticyclone se prénomme Nina, n'est-ce pas, et qu'en plus ces deux femmes n'ont vraiment rien en commun, mais c'est pas grave tout le monde peu dire une connerie, on est lundi matin.
Et lui, poliment, me précise que c'est à un autre personnage du livre qu'il fait allusion, une femme au foyer elle aussi insatisfaite de son existence endormie, que Nina vient troubler.
Et puis, en plus, ces prénoms... Lucie, Lulu, la relation lui semble évidente.
Si j'avais fait preuve d'un peu de sang froid, j'aurais pris alors un air pénétré et je me serais lancé dans un long monologue sur les liens subtils que je tisse entre mes livres.
Mais j'ai juste dit "Ha bah merde, t'as raison, c'est rigolo."
Cet après-midi, j'ai mis en couleurs la planche 26.